Le J 112 E "grand Prix" champion d'Europe IRC
Régates à bord d’un «avion de chasse»
Voilesetvoiliers.com : Alors, ce J/112 ?
Nicolas Lunven : Un bateau étonnant, franchement. Au près, c’est un véritable avion de chasse. Il est redoutable. Mais en plus, il est polyvalent ; ce n’est pas par hasard, du coup, que nous avons remporté ce championnat d’Europe. Victoire en catégorie IRC 3 mais aussi au classement toutes classes. En dessous de 10 nœuds de vent, nous étions au coude-à-coude avec un X-37 danois qui avait plus de mal à nous serrer quand le vent est monté mais au-dessus de 15 nœuds, notre concurrent le plus redoutable a été un First 40.7 optimisé qui a eu plus de mal, lui, dans les petits airs. Dans la brise, un Sun fast 3600 et des JPK 10.10 et 10.80 nous ont donné du fil à retordre, aussi. Mais c’est notre polyvalence qui a payé, au final.
Voilesetvoiliers.com : Jolie victoire, pour un bateau de croisière, non ?
N.L. : Je ne suis pas là pour faire la pub de ce nouveau modèle mais il a tout, je trouve, pour se tailler un joli succès. En plus, je le trouve très joli, ce qui n'est pas le cas de tous les bateaux de conception moderne. Au près, il ne craint personne, notamment grâce une facilité à faire du cap. Au portant VMG, il s'en sort également très bien, mais nul n'est parfait. C'est évident qu'au reaching et au largue, les JPK et autres Sun Fast font parler leur largeur de carène. Mais avec un Code 0, voile qui nous manquait à bord, je pense que la perte aux allures débridées reste négligeable."
Voilesetvoiliers.com : Et à la barre ?
N.L. : De premier abord, je ne suis pas vraiment un adepte de la barre à roue. Mais je dois avouer que celle du J/112 n'est pas mal du tout ! Les transmissions sont très directes, c’est agréable. Le dessin des appendices, et du safran notamment, ont été bien pensés.
Voilesetvoiliers.com : On a les mêmes sensations, sur les Volvo Ocean 65 de la Volvo Ocean Race ?
N.L. : Difficile de comparer ce qui n’est pas comparable ! Les VO 65 sont très puissants et vont très vite au reaching. En revanche, on navigue en permanence sur la tranche alors qu’avec ce J, on reste beaucoup plus longtemps à plat.
Voilesetvoiliers.com : Comment se sont déroulées les courses en elles-mêmes ?
N.L. : Nous étions 13 bateaux dans notre catégorie et nous avons eu le droit, durant cette petite semaine de course, à un panel à peu près complet de conditions météo. Quant aux abords de l’île de Wight, cela reste pour moi un des plus beaux plans d’eau du monde. Il y a eu des parcours banane et côtiers dans le Solent, plus le tour de l’île de Wight. Faute de vent, la grande course de 24 heures a été annulée mais dès le passage de cette dorsale anticyclonique avec sa pétole, nous avons pu recommencer à jouer avec les bancs de sable et les rochers en se cachant au mieux pour éviter les courants.