Solitaire du Figaro 2018
La pression du favori vue par Nicolas Lunven et Géry Trentesaux
Géry Trentesaux, 3e de la Solitaire du Figaro 1984 et Président du conseil d'administration de GERY TRENTESAUX INVESTISSEMENTS SA dont l’entreprise Custo Pol apporte son soutien à Alexis Loison : « Il est évidemment plus facile d’être un outsider plutôt que le favori qui se sent obligé d’être le meilleur. Il faut être capable de supporter la pression et ce n’est pas si facile mais je fais confiance à Alexis pour gérer ça au mieux. Les phases d’avant course ne sont jamais simples à appréhender. Je sais qu’en ce qui me concerne, c’est quelque chose que je n’aime pas et je comprends que certains préfèrent rester dans leur bulle et rester autant que possible loin de l’agitation des pontons pour se reposer et rester concentré. Je me souviens que lors de ma première participation à la Solitaire, en 1984, l’ambiance au départ de la première étape entre Granville et Kinsale était assez tendue car on savait qu’on allait partir au près, avec entre 20 et 30 nœuds de vent. Pour ma part, toute la pression était descendue instantanément à partir du moment où j’étais parti sur l’eau. Au final, j’avais terminé 3e de l’épreuve et premier bizuth devant des gars comme Christophe Auguin ou Pierre Mas. Ma deuxième participation, l’année suivante, avait été un peu plus compliquée, justement à cause de la pression. J’étais parti avec l’étiquette de favori et un bateau neuf. J’ai terminé 7e, ma place à la première étape que j’avais gardé jusqu’à la fin. Cette fois-là, tout était différent de la première fois car j’avais, justement, plus de pression, mais aussi plus de responsabilités au travail. Ce n’est pas facile d’enlever sa cravate huit jours avant un départ de course. Mais pour revenir à Alexis, je lui souhaite de réussir à faire ce qu’il sait faire. »
Nicolas Lunven, skipper et tenant du titre de la Solitaire Urgo – Le Figaro : « A plusieurs titres, Alexis fait partie de ma liste de favoris. Déjà parce que c’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup car c’est un mec très sympa, mais aussi parce que ces dernières années, il a montré de très belles choses, sur le circuit des Figaro Bénéteau, mais pas seulement puisqu’il a gagné des grandes courses telles que la Rolex Fastnet Race ou la Sydney Hobart. Il a réalisé un début de saison très prometteur, en témoigne son classement au Championnat de France Elite de Course au Large. Je pense que s’il parvient à garder, entre guillemets, sa personnalité en restant décontracté, il peut aller chercher la victoire. Il part avec l’étiquette de favori et va donc devoir gérer la pression en faisant attention qu’elle ne devienne pas nocive mais il a tous les atouts pour gagner, même si on sait bien que sur la Solitaire, il peut se passer plein de choses un peu improbables, et que des favoris, il y en a d’autres comme Sébastien Simon ou Anthony Marchand par exemple. Alexis bénéficie cependant d’une bonne approche. J’ai pu l’observer lors des quelques jours où nous avons travaillé ensemble cet été. Il est capable de capitaliser sur son expérience tout en étant à l’écoute. J’espère que le petit travail que nous avons pu faire ensemble sur les réglages va l’aider mais dans tous les cas, ma contribution ne sera qu’un tout petit quelque-chose. On sait que pour s’imposer sur la Solitaire, il faut avoir du talent, mais aussi énormément bosser. C’est une course qui se joue sur plein de choses et il faut réussir à partir dans des prédispositions mentales bien particulières. A titre d’exemple, en ce qui me concerne, je suis passé à côté de certaines "Solitaires" parce que je me mettais trop de pression. Les deux fois où j’ai gagné, c’est parce que j’avais justement réussi à rester focalisé sur ma course sans trop gamberger. Il faut qu’Alexis arrive à faire la même chose pour avoir le sourire dans quatre semaines mais en ce sens, il a un avantage : il a déjà gagné plusieurs courses en Figaro et sait donc ce que c’est de gagner ».