Nicolas Lunven                                                                                                                          ​                                                                                                                                                                                                                               
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Ma crise de vitesse

Voilà, c’est fait, j’ai remporté ma deuxième Solitaire du Figaro vendredi à Dieppe, ce petit port de la Seine-Maritime que j’aime beaucoup et qui restera désormais totalement gravé dans mon parcours sportif. Eh oui, c’est ici que j’avais gagné en 2009 ma première Solitaire ! J’ai mis huit ans pour regagner cette course. Cet objectif me hantait et j’ai tout mis de mon côté depuis pour y arriver.
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En 2009, ma première victoire était vraiment une surprise autant pour moi que pour les observateurs. C’était ma troisième saison sur le circuit Figaro, j’étais encore jeune. Cette année, cette victoire est le fruit de beaucoup de travail, d’obstination et de sacrifices. Revenons en quelques lignes sur mon parcours lors de cette 48e édition, les bons moments surtout car ils ont été prédominants, un peu comme dans un rêve !

La nuit de mercredi à jeudi, la semaine dernière lors la dernière étape, est à mettre en haut de la pile des instants importants de ma Solitaire 2017. Je ne suis alors pas très bien au classement général provisoire de cet acte. Lors des premières 48 heures, je n’avais pas été très inspiré dans la pétole. Je n’avais pas vraiment fait les bons choix et, l’air de rien, je m’étais mis en danger car mes trois concurrents directs, Charlie Dalin, Adrien Hardy et Sébastien Simon, naviguaient devant. Je ne gamberge pas mais je suis lucide concernant cette situation. Je me concentre alors comme jamais et, après le passage de Wolf Rock, comme à plusieurs reprises sur cette édition, j’ai «une crise de vitesse». Le vent est plus établi. J’arrive à trouver les bons angles et j’ai une bonne conduite de monGenerali dans les petites vagues. Dans 15 nœuds sous spi, je reviens sur le paquet de tête. Je reste à la barre alors que le pilote peut faire l’affaire. Mais je suis à l’attaque et je me replace devant Adrien qui, comme moi, avait opté pour le large. Sans cette belle nuit de navigation, l’issue de ma Solitaire aurait été, peut-être, différente.

Mais revenons sur les moments clefs de chaque étape. La première, au départ de Pauillac et en direction de Gijón, restera longuement dans ma mémoire. Je la gagne avec force dans des conditions musclées. C’est ma première victoire d’étape sur la Solitaire. Elle me met dans une belle dynamique pour le reste de la course et j’ai là encore une crise de vitesse qui me mettra en confiance pour la suite. Elle arrive le dernier jour. Adrien Hardy, mon adversaire sur cette 48édition, est le chef. Je suis deuxième. Nous venons de nous battre dans 50 nœuds de vent. Certains marins ont des soucis techniques. Le vent baisse. Je reste à fond sur mes réglages. Nous sommes au reaching. Je repasse en mode «course» après quelques heures de survie. Mètre après mètre, je reviens sur Agir Recouvrement. Je le dépasse. Je vais vite. Je me sens en osmose avec mon bateau, les éléments. Je gagne. Les écarts sont conséquents entre les compétiteurs. La Solitaire Urgo Le Figaro se présente de la meilleure des manières pour moi. J’apprendrai un peu plus tard que la quille d’Adrien était abîmée, vraisemblablement à la suite d’un choc. Ce qui explique probablement son manque de vitesse qui ne lui ressemble pas sur ce bord !

Entre Gijón et Concarneau, cadre de la deuxième manche, je ne suis pas au mieux dans le petit temps au cours de la traversée du golfe de Gascogne. Je ne me démobilise pas et, peu à peu, je grappille quelques bons milles sur la tête du plateau 2017. En approche de Sein, je suis, à force de petits coups tactiques, de retour aux affaires à seulement 2 milles d’Erwan Tabarly. Ensuite, je ne cesse de revenir sur cet acte 2. Le dernier jour, dans un vent erratique, j’arrive à bien négocier la transition entre le faible thermique et le retour du synoptique dans la soirée, le long de la plage d’Etel. Puis, plus tard dans la nuit, dans la pétole complète, je suis en tête à la Tourelle des Soldats, à quelques encablures de la ligne d’arrivée. Je me vois gagner une deuxième étape consécutive. J’étais un peu revenu du diable Vauvert mais la vista était là. Pour finir, Adrien Hardy nous chipe, à Erwan et moi, la première place et ma troisième est très satisfaisante.

Lors de la troisième manche, les 24 heures de la Cornouaille, ma vitesse est aussi au rendez-vous puisque je mène quasiment toute la course. Je prends la tête à la sortie des Glénan et je ne la quitte plus. Adrien, encore lui, me talonne mais je vais vite, notamment au portant. Le vent est moins important et c’est même la pétole qui domine à partir de Groix. Je coupe la ligne en leader. La brise thermique s’installe à ce moment précis, ce qui rendra la tâche difficile derrière. Les écarts se creusent. Je fais une très belle opération au classement général.

Cette vitesse, je la dois entre autres à tous les entraînements effectués en 2016 et 2017 au pôle Finistère de course au large avec Jeanne Grégoire, à des sessions spécifiques avec Sébastien Simon et à ma collaboration avec North Sails sur les voiles. Le développement de la garde-robe de monGenerali a été actif, très actif, avec notamment Quentin Ponroy et Gaëtan Aunette. A quinze jours du grand départ, nous mettions encore quelques coups de ciseau dans le spi à la suite des essais durant toute l’avant-saison sur un proto ! La vitesse n’est pas le seul facteur qui m’a permis d’aller au bout de cette Solitaire. Il faut aussi bien se placer, connaître à 100 % son voilier. Il y a énormément de composantes à aligner pour être performant mais c’est vrai que pouvoir provoquer à certains moments clés une «crise de vitesse» est un plus indéniable, un luxe recherché longtemps lors de l’intersaison, savoir appuyer sur l’accélérateur.

En ce dimanche 25 juin, alors que j’écris ces lignes, je mesure maintenant que j’ai gagné à deux reprises la Solitaire du Figaro. C’est une grande joie. C’est une belle récompense pour mon partenaire Generali, ma famille, mon entourage… Je reviendrai sûrement sur la Solitaire, peut-être même dès 2018, mais j’ai maintenant envie de grand large. Je rêve de surfs endiablés dans le grand Sud. Je rêve de disposer d’un monocoque de 60 pieds.


Je rêve de Vendée Globe !

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